hajm-e-sabz (l'espace vert)
AU JARDIN DES COMPAGNONS DE VOYAGE Appelle-moi donc. Ta voix est apaisante. Ta voix est comme la sève verte de cette plante étrange Qui pousse aux confins de l'intime souffrance. Dans les replis spacieux de cette heure muette Je suis plus seul encore que la trace isolée d'un chant Qui goûte le vide sinueux des ruelles. Viens que jet te dise combien set vaste ma solitude. Et cette solitude qui jamais n'aurait pu prévoir la nocturne irruption de ta présence. Et tel set le propre de l'amour. Ιl n'y a peersonne. Viens, ensemble nous déroberons la vie, Puis, entre deux revoirs, nous la partagerons. Viens, nous tâcherons de comprendre quelque chose au sens de la Pierre Et après, nous nous en irons au plus vite à la découverte des choses. Regarde les aiguilles du jet d'eau Pulvériser le temps sur le cadran du bassin. Viens te fondre comme un mot dans la ligne de mon silence. Viens fondre dans la paume de ma main l'astre étincelant de l'amour. (…) Dans ces rues pleines de ténèbres J'ai peur de l'inquiétante conjonction du doute et de la flamme. J'ai peur des surfaces de béton qui alourdissent notre siècle. Viens pour que je n'aie plus peur des villes Où le sol noir sert de pâture aux grues. En ce siècle d'assomption de l'acier, Fais que s'ouvre pour moi l'espace où tombent les fruits, Abrite-moi sous un branchage, Loin de la collision ténébreuse des métaux. Si devait arriver le découvreur des mines matinales N'oublie point de m'en avertir. Je m'éveillerai quand éclora l'aube des jasmins derrière les gestes de tes doigts. Et alors Raconte-moi l'histoire des bombes qui tombèrent pendant que je dormais. Et des joues que mouilla la rosée pendant que je dormais, Et combien de canards s'envolèrent au-dessus des mers. En ces heures tumultueuses où les chenilles des blindés Traversaient les rêves des enfants, Dis-moi au pied de quel refuge Le canari attacha le fil jaune de son chant. Quelles sont ces merchandises innocentes qui atteignirent nos ports, Et qui comprit jamais la musique positive de l'odeur de la poudre à feu, Et quel goût sécréta l'arôme inconnu du pain Dans le palais des prophètes? Et animé d'une foi aussi rutilante que le feu de l'Équateur, Je te ferai asseoir sur le seuil d'un jardin. |