shargh-e-andooh (à l'est de la douleur)
SI SEUL MOI-MÊME

Ô toi, digne du vertige des hauteurs!
Ton chant retentit sur les cimes de l'aurore.
Une plante se dresse aussitôt à la prière.
Je fis un pont qui me projetait
Jusqu'au rocher inaccessible de l'Ami,
Un pont fait de la glaise de mes douleurs.
Je suis là, tout comme cette porcelaine de ténèbres,
Et la distillation des mystères originels.
Tête appuyée sur la Pierre, et cet air limpide,
Et ce platane qui s'ouvre à la pensée,
Et cette âme pleine des effusions de l'Ami.
Comme il est léger mon sommeil, comme il est haut le nuage de la prière,
Comme il est beau le buisson de la vie, et si seul moi-même!
Seul moi-même
Et le bout de mes doigts trempant dans la source de la mémoire,
Et les pigeons s'ébrouant au bord de l'eau,
Et le rire des vagues qui se déplient,
Et l'abeille butinant la verdure de la mort,
Et cette splendeur qui éclôt dans le poing desserré du vent.
Je suis tout empli de toi, ô brèche ouverte du jardin!
Où s'harmonisent le pin, la frayeur et moi-même.
Ô porte qui s'ouvre sur les hauteurs!
Ô chemin qui mène au lotus muet du message!