hajm-e-sabz (l'espace vert)
TOUJOURS

Au crépuscule
Quelques sansonnets s'envolèrent,
Désertant le champ constellé de la mémoire du pin.
Laissant s'appesantir la vertu corporelle de l'arbre,
Déversant sur mes épaules la pudeur chaste de la gnose.

Brise donc ton silence, ô femme promise aux nuits originelles!
Rends-moi mon éternelle enfance
Sous ces branches qu'émeuvent les vents.
Au milieu de ces “toujours” qui s'obscurcissent sans cesse,
Ouvre ta bouche, sœur de la plénitude aux couleurs diaprées!
Emplis donc mon sang de ta tender lucidité.
Et laisse s'ouvrir ma pulsation secrète
Aux rugosités du souffle de l'amour.
Traversant les terres immaculées.
Retourne aux sources transparentes du jardin des mythes.
A cet instant qu'éclaire l'attente mûre des grappes,
Souffle-moi ton secret, ô Houri du Verbe primordial!
Et fais en sorte que ma peine soit purifiée
Dans l'embouchure lointaine de la phrase.
Et puis, sur le sable salé et stérile de l'ennui,
Fais couler le sonore gosier des eaux.
Et après,
Étale sur les pelouses sans plis de la pensée
Les veilles enchantées que traînent les paupières.